1. Introduction

 Avis au lecteur

Dans ce récit, la bataille de Seneffe est racontée par Jean Constant, soldat français présent sur les lieux. Cette histoire n’a jamais été écrite par lui en personne mais bien construite, par l’envoyé spécial, sur base des évènements historiques recueillis à partir des documents d’archives et de la littérature. Toutefois, il subsiste quelques éléments de fiction.

Pauline TISTHOUD
Envoyé Spécial

 

L’assaut

À l’aube du 11 août 1674,  le prince de Condé observe ses ennemis dans le lointain. Dès qu’il prend conscience de leur marche vers la France, il décide de lancer une attaque en les prenant par surprise. De l’autre côté du campement de Piéton, Jean Constant, soldat entré en service en 1671, dort encore sur sa paillasse. Il ne se doute pas alors que, dans quelques heures, il sera le témoin et l’acteur de terribles évènements.

Au cœur de La bataille de Seneffe.
Récit de la sanglante journée du 11 août 1674
par Jean Constant, soldat de l’armée française.

Quand je me réveillais ce matin du 11 août 1674, il régnait dans le campement de Piéton une tension proche de celle que l’on ressent les veilles de grandes batailles. Le soleil était à peine levé et, déjà quelques régiments et bataillons étaient appareillés, armés, bref, prêts à partir. Je demandais donc à un soldat de ma troupe ce qui se tramait de si bon matin. Il me répondit : « Monseigneur Condé a observé un mouvement des ennemis dès l’aube. Selon lui, leur arrière-garde serait déforcée. Il veut donc les attaquer sans plus tarder et par ce côté pour créer surprise et panique dans leurs rangs ». Mon camarade ajouta que le prince venait d’envoyer 400 chevaux pour distraire la tête de l’armée adverse. Quel fin stratège que Monseigneur le prince de Condé ! Le récit terminé, j’imitai le reste de la troupe et me mis en uniforme sans oublier de charger mon mousquet et de prendre balles et poudre en réserve.

Kaart van de slag bij Seneffe, 1674, gravure anonyme d’après Romeyn de Hooghe, 1675-1724, collectie Rijksprentenkabinet, Rijksmuseum Amsterdam.
Les troupes françaises (point A sur la carte) avaient établi leur campement près du village de Piéton. Comme on peut le constater, ce camp était parfaitement protégé par l’environnement naturel (bois et ruisseaux). Grâce à cette position stratégique, le camp était réputé inattaquable. Les alliés, quant à eux, venaient de Dinant. Début août, ils séjournèrent à Corroy puis à Nivelles. À l’aube de la bataille, leur campement était situé dans les environs d’Arquennes (point B sur la carte).
La bataille de Seneffe, in A. Philippart, Corpus, s. n., gravé par Ed.Chavane d’après une peinture de Dupressoir.
À l’aube du 11 août, Condé observe la marche des alliés depuis une hauteur. Il remarque que l’arrière-garde ennemie, composée principalement d’Espagnols, est déforcée. En cas d’attaque, la tête de l’armée ne sera jamais là à temps pour leur porter secours. De plus, l’environnement naturel empêcherait la cavalerie adverse de se déployer normalement. Condé réunit donc ses généraux et capitaines pour lancer l’attaque. Cette fameuse arrière-garde tenta de se réfugier dans le village de Seneffe mais fut terrassée.
La bataille de Seneffe, gravure sur cuivre, © musée royal de Mariemont, M. Lechien.
Grâce au jeu des alliances, le prince d’Orange opposa une belle résistance au puissant Louis XIV. Avec l’arrivée des Espagnols et d’autres alliés dans la coalition, Orange se retrouva à la tête d’une armée de 60 000 hommes. Leur cavalerie était puissante et supérieure à celle des Français. Malheureusement, il subsistait de nombreuses discordes entre les officiers des différentes armées.

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