Quand tableaux et photos racontent des histoires

1. Illustrations d’hier et d’aujourd’hui

La bataille de Seneffe, Bénigne Gagneraux, 1786, huile sur toile, musée des Beaux-Arts de Dijon.
Cette illustration est un détail du tableau de Bénigne Gagnereaux sur La bataille de Seneffe. Cette partie de l’œuvre représente le prince de Condé avec son fils Henri III Jules. On le voit tel un héros, sauvant son père de l’assaut des ennemis.

Les illustrations relatives à la bataille de Seneffe ont toutes été produites par des hommes. Ces œuvres n’ont pas été réalisées pendant le combat mais après et bien loin du champ de bataille. Ces peintures et gravures présentent le combat dans sa plus grande complexité. Il est impossible de savoir qui est qui mais, la scène est d’une rare intensité. C’en est presque beau et l’on en vient même à oublier la face tragique du combat. Pour comprendre cette démarche, il faut se remettre dans le contexte et la mentalité de l’époque, très axés sur l’histoire-bataille. De plus, le rôle de ces artistes n’était certainement pas de rapporter les faits comme des journalistes mais de représenter la bataille telle une allégorie.

My Lai massacre, Ronald L. Haeberle (United State Army), 1968.
En 1968, la guerre fait rage au Viêt Nam. Le 16 mars, le lieutenant Willian Calley reçoit l’ordre de nettoyer le village de My Lai. Les services secrets américains l’avaient prévenu que des Viet-Cong se cachaient dans le village. En réalité, il n’y avait pas de Viet-Cong à My Lai, seulement des femmes, des enfants et des vieillards innocents. Ils furent massacrés sans autre forme de procès. Les photos furent prises par l’armée américaine. En 1970, le journaliste Seymour Hersch révéla ces clichés au monde entier. Il mena une formidable enquête d’investigations qui lui valut le prix Pulitzer. ‘Justice fut rendue’ et plusieurs officiers américains furent inculpés.

Aujourd’hui, les guerres sont rapportées par les médias et, principalement, par des photographes et reporters de guerre. Certains de ces professionnels sont des femmes. Leurs clichés révèlent-ils une autre vision de la guerre ? Qu’il soit homme ou femme, il semble que le photographe ou le reporter d’aujourd’hui banalise en quelque sorte la violence et il arrive même que les photos soient manipulées avec pour objectif : la propagande. Le photographe actuel insistera moins sur le côté glorieux de la guerre que sur la dimension sociale et tragique de la chose.

2. Propagande d’hier et d’aujourd’hui

Berlin Marx Engels platz demonstration, Sturm Horst, 1953, Deutsches Bundesarchiv (archives fédérales allemandes).

Tout le monde a déjà vu ou entendu parler de la propagande nazie ou soviétique. L’une représentait les Juifs comme de vils manipulateurs, parasites de la nation. L’autre révélait Staline comme un chef d’État aimant et glorifié. Ces deux cas de figure ne sont que des exemples parmi d’autres. Hitler et Staline n’avaient rien inventé.

 

 

 

En effet, la propagande ne date pas d’aujourd’hui.
Les deux illustrations suivantes en témoignent.

Slag bij Seneffe, 1674, gravure de Coenraet Decker d’après son propre dessin, Amsterdam, 1674, collectie Rijksprentenkabinet, Rijksmuseum, Amsterdam.

La gravure ci-contre illustre la bataille de Seneffe avec un portrait du prince d’Orange. Ce portrait surplombe la scène comme si le prince dominait le combat. Orange est entouré de deux personnifications: la Prudence (gauche) et la Force (droite). Des bannières et étendards sont également représentés en symbole de victoire. On peut donc dire que le prince d’Orange est clairement glorifié alors qu’il n’a pas remporté une victoire écrasante sur Condé.

 

 

 

Slag bij Seneffe, 1674, gravure anonyme d’après Romeyn de Hooghe, Allemagne, 1674, collectie Rijksprentenkabinet, Rijksmuseum, Amsterdam.

La gravure ci-contre représente une autre forme de propagande avec un texte en allemand en bas de l’illustration. Rappelons que l’Empire germanique était allié des Hollandais durant la bataille de Seneffe.

 

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