Établi d’orfèvre

L’organisation et la composition d’un atelier d’orfèvre varient peu à travers les époques. À côté de la forge et du fourneau, la pièce principale du lieu est l’établi. C’est sur cette table robuste, en bois massif, que l’orfèvre élabore la pièce d’orfèvrerie. Elle dispose d’une grande surface de travail ce qui lui permet d’avoir tous les outils nécessaires pour emboutir, scier, repousser, ciseler, graver,… à portée de main. L’établi est placé à proximité des fenêtres pour profiter le plus longtemps possible de chaque rayon de lumière naturelle mais aussi pour répondre à l’obligation de la corporation, sous l’Ancien Régime, de travailler à la vue des passants afin d’éviter la contrefaçon ou l’introduction d’un alliage inférieur à la norme.

La réalisation d’un ouvrage d’orfèvrerie relève, pour les ateliers importants, d’un travail collectif. Ainsi le maître-orfèvre s’entoure de compagnons et d’apprentis. Chaque opération est confiée à une personne différente. Autour de l’établi, ici conservé dans la collection de Seneffe, six personnes peuvent travailler simultanément. Chaque emplacement est découpé en demi-cercle. Des tabliers en peau sont tendus sous les encoches de la table pour pouvoir récupérer les limailles de métaux précieux qui seront par la suite réutilisées. C’est une peau souple et épaisse qui présente le côté lisse vers le haut afin de faciliter la récupération méticuleuse de chaque poussière de ce précieux métal. Un tasseau, une sorte de petite enclume, est fixé au centre de chaque place sur lequel l’orfèvre travaille les ouvrages délicats. Il peut également ancrer sur l’établi un étau dans lequel il peut caler la pièce qu’il veut travailler ou l’outil dont il se sert tel qu’une bigorne, une recingle,... Chaque encoche, est aussi munie de doubles tiroirs, de dimensions différentes, destinés au rangement du petit outillage nécessaire ainsi que des pièces en cours de réalisation. L’orfèvre et son équipe travaillent autour de l’établi assis sur des tabourets.  

Chêne.
L 230 cm, l 138,5 cm.
Provenance : 1997, Donation de la famille Roger.
Inv. SO0001.

L’établi est actuellement conservé dans les réserves.

©photos Alain Breyer